Terre des premières prières chrétiennes, l’Arménie déploie ses monastères sur les contreforts du mont Ararat comme autant de sentinelles de pierre ocre. Entre les vignobles du Caucase et les églises médiévales accrochées aux falaises, résonne encore l’écho d’un peuple qui a fait de la résilience un art de vivre.
Ici, dans ce berceau du christianisme où Charles Aznavour puisait ses racines, chaque pierre raconte une histoire millénaire, chaque vallée chante la mémoire d’une nation qui a transformé ses blessures en beauté éternelle.

Dès que résonnent quelques mots de français, les visages s’illuminent et l’accueil devient chaleur pure, j’imagine que cela est un héritage d’une francophilie ancrée dans l’âme arménienne. Puis vient l’austérité apparente de l’architecture soviétique, que démentent aussitôt la Galerie nationale, l’Opéra majestueux, le street art qui explose sur les murs d’Erevan, et ces fontaines spectaculaires qui dansent au cœur de la ville.

Mais c’est la montagne qui m’a vraiment saisie. Le Mont Ararat, le Caucase tant de secrets et de légendes se cachent derrière ses mots. Là une rigueur imposante, presque sacrée, qui écrase et élève à la fois. Ici, les temples millénaires ne sont pas de simples monuments : ce sont des prières de pierre accrochées aux falaises. La Symphonie des Pierres de Garni, ces orgues basaltiques sculptées par les dieux, les monastères troglodytes creusés dans la roche comme des sanctuaires secrets…

En Arménie, de la nature au sacré, il n’y a qu’un pas. Ou plutôt, ils ne font qu’un. Chaque pierre raconte une foi, chaque montagne porte une prière. Ce pays ne se visite pas : il vous habite, vous bouleverse, et vous transforme.

L’Arménie ne se visite pas, elle se ressent, avec l’âme et le cœur. Charles Aznavour à la question êtes vous Français ou Arménien ? Répondait toujours je suis les 2.

Nathalie BUENO